Quel est l’état d’Internet en France ? Le « gardien des réseaux » répond en détail | Toulouse networks | Scoop.it

En 2019, l’Arcep a travaillé sur de nombreux sujets sur tous les aspects d’Internet, que ce soit côté clients sur le fixe et le mobile, ou opérateurs (avec l’interconnexion entre autres). Un long bilan d’une centaine de pages a été mis en ligne, voici ce qu’il faut en retenir.

L’Arcep vient de mettre en ligne son quatrième rapport sur l’état de l’Internet en France. Plusieurs points généraux sont abordés : « qualité de service, interconnexion de données, transition vers IPv6, neutralité du Net, ouverture des terminaux et rôle des plateformes ».

Son but est de s’assurer « qu’Internet continue à se développer comme un bien commun où l’utilisateur est l’arbitre en dernier ressort ». Ce document permet d’avoir une vision globale, des actions menées par le régulateur et des pistes qu’il est en train d’explorer… et elles sont nombreuses.

Malgré la crise sanitaire, « pas de congestion majeure »

Si le rapport porte sur l’année 2019, le régulateur ne peut s’empêcher de commencer par revenir sur le début de l’année 2020, avec la crise sanitaire mondiale et le confinement d’une bonne partie de la population, entraînant une hausse de 30 % environ du trafic. Il nous propose ainsi « une synthèse de ses observations à date et les premiers enseignements tirés de cette période ».

Première constatation : « Lors de la crise, des saturations sont apparues au niveau de nombreux fournisseurs de contenu, perturbant l’accès à plusieurs services (services de visioconférences, e-learning, etc.). Des tensions très locales sur l’accès à Internet mobile ont aussi été constatées ponctuellement ».

 

Mais dans l’ensemble, « les réseaux en France n’ont pas connu de congestion majeure durant la période de confinement liée au Covid-19 entre mars et mai 2020 ». Nous étions arrivés à la même conclusion : les réseaux ont globalement bien tenu, même si certains fournisseurs de service n’arrivaient pas à suivre.

Cela a été particulièrement visible dans l’Éducation nationale, avec les ENT aux abonnés absents durant les premiers jours (voire semaines pour certains). Il est également question du cas Disney+, que nous avons également déjà expliqué.

Maintenant que la petite digression est terminée, il est temps d’entrer dans le vif du sujet.

L’importance de la mesure de la qualité de service

Sur le fixe, le régulateur revient sur l’un de ses gros chantiers de l’année dernière : améliorer la mesure de la qualité d’Internet, notamment sur le fixe. Un enjeu important, car « 47 % des signalements reçus sur la plateforme « J’alerte l’Arcep » en 2019 concernent un problème lié à qualité et la disponibilité des services fixes ou mobiles ».

Une consultation publique a été lancée en avril 2019 sur l’ajout d’une API permettant de caractériser « l’environnement de l’utilisateur lors du test de mesure de la qualité de service Internet » des utilisateurs. La décision finale est arrivée en octobre, avec quelques ajustements suite au retour des opérateurs et de divers organismes.

Un arrêté a été publié au Journal officiel le 16 janvier 2020, marquant le lancement du compte à rebours du déploiement dans les box de cette API. Les FAI ont pour rappel 18 mois pour effectuer « la démonstration auprès de L'Arcep d’une box de développement avec l’API implémentée », 22 mois pour la mettre en place dans au moins 5 % des box, 26 mois pour 40 % et 30 mois pour au moins 95 % des box concernés par cette nouvelle obligation.

 

Les lignes 10 Gb/s, « un défi pour les outils de mesure » 

Free est pour le moment le seul opérateur à proposer du 10G EPON (jusqu’à 8 Gb/s dans la pratique). Les autres FAI se limitent pour le moment à du « 2x 1 Gb/s » sur certaines de leurs box. Cela signifie simplement que deux machines reliées à la box peuvent chacune profiter de 1 Gb/s, mais une seule machine ne peut pas avoir du 2 Gb/s (tous les ports Ethernet sont en Gigabit).

Le régulateur rappelle que, « aujourd’hui les clients équipés de connexion 10 Gb/s ne mesurent plus le débit de leur connexion à Internet, mais la puissance de leur microprocesseur. En effet, seuls des PC très puissants peuvent réaliser des tests à 10 Gb/s dans un navigateur web, sans saturer leur microprocesseur. Les connexions à 10 Gb/s nécessitent également une mire de test disposant de plus de 10 Gb/s vers Internet, ce qui est très rare à ce jour ».

Deux pistes de réflexion sont présentées par le gendarme des télécoms : « un outil de mesure de la QoS qui s’exécute directement sur le système d’exploitation », ou bien « ne plus mesurer la capacité de la connexion, mais la qualité d’expérience (QoE) […] Dans certains cas, il pourrait en effet être possible d’avoir une meilleure QoE sur une ligne FTTH 100 Mb/s que sur une ligne FTTH 10 Gb/s ».

Sur la page 25 de son rapport, l’Arcep propose un tutoriel pour « maximiser la fiabilité de son test de qualité de service », en l’occurrence via Rufus et Ubuntu Desktop. Nous vous avons également proposé un guide fin 2018.

18,4 Tb/s de trafic entrant, Netflix représente près de 25 %

Cette année, le « trafic entrant vers les principaux FAI en France à l’interconnexion a augmenté de 29 % en un an pour atteindre 18,4 Tb/s à fin 2019 ». La hausse n’était « que » de 15 % fin 2019 par rapport à 2018. Si l’interconnexion ne vous parle pas spécialement, nous avons récemment publié un dossier sur le fonctionnement d’Internet)

Dans le détail, 8,88 Tb/s proviennent du transit – dont Open Transit International d’Orange (oui, Orange est son propre transitaire) – 8,97 Tb/s sur du peering privé et 0,57 Tb/s de peering public. Ce dernier type d’interconnexion est toujours largement minoritaire par rapport aux deux autres.

55 % du trafic entrant viennent de quatre services seulement : Netflix (25 % du trafic à lui seul), Google, Akamai et Facebook. Le même quatuor était en tête en 2018 (il représentait environ 50 %), mais Google était en tête et Netflix second avec 15 %.

Les interconnexions des opérateurs ont évidemment été mises à jour pour suivre cette tendance, avec une augmentation de plus de 20 % de la capacité, pour arriver à 49,8 Tb/s. Pour les principaux fournisseurs d’accès, elles « sont en moyenne 2,7 fois supérieures au trafic entrant ».

Mais attention, comme le rappelle le rapport « ce ratio n’exclut pas l’existence d’épisodes de congestion, qui peuvent survenir entre deux acteurs sur un ou des lien(s) particulier(s) en fonction de leur état à un instant donné, notamment lors de pics d’utilisation ».

4 Tb/s via des CDN internes, 1,8 Tb/s de trafic sortant

Il y a deux ans, les CDN internes (c’est-à-dire directement dans les réseaux des fournisseurs d’accès à Internet) ont explosé en passant d’un peu plus de 1 Tb/s en 2016 à près de 4 Tb/s en 2017 et 2018. Netflix et son programme OpenConnect ne sont évidemment pas étrangers à cette multiplication par quatre. 

L’Arcep donne quelques détails et explications : « Le taux de trafic provenant des CDN internes (17 %) est en baisse par rapport à l’année dernière (21 %), ce qui confirme que le peering et le transit restent des modes d’interconnexion largement utilisés par les opérateurs. Ce taux varie fortement d’un FAI à l’autre : chez certains opérateurs ce trafic ne constitue même pas 1 % du trafic vers les utilisateurs finals alors que pour d’autres, il constitue plus du tiers du trafic entrant injecté dans leurs réseaux ».

Le trafic sortant du réseau des quatre principaux FAI en France à l’interconnexion est bien moins important : « environ 1,8 Tb/s, soit une augmentation de 17 % par rapport à fin 2018. Entre 2012 et 2019, ce trafic a été multiplié par quatre », note le régulateur.

Il est donc dix fois inférieur à celui entrant, un ratio en perpétuelle augmentation depuis plusieurs années : il était environ de x4 en 2012, x6 en 2015 et x8 en 2017. Cette hausse « est due notamment à l’augmentation du contenu multimédia consulté par les clients (streaming vidéo et audio, téléchargement de contenu de grande taille, etc.) ».

IPv6 toujours au centre des attentions de l’Arcep

Un autre gros chantier de l’Arcep est la (très lente) transition vers IPv6. Le régulateur rappelle que, le 25 novembre 2019, la pénurie d’adresse IPv4 était annoncée : «  Internet ne cessera pas de fonctionner, mais cessera de grandir. La transition vers IPv6 est la seule solution pérenne ». Autre problème, « seulement 27 % des sites web les plus visités en France sont aujourd’hui accessibles en IPv6 », contre « 62 % des pages web les plus visitées en France ».

Pour en savoir plus, le spécialiste des réseaux Stéphane Bortzmeyer propose, page 45 du document, un petit guide de « la transition vers IPv6 pour les nuls ». Sur la page suivante, un autre tutoriel explique « comment connaître la répartition des flux IPv4/IPv6 sur un serveur », à l’aide du système de monitoring open source Munin.

Dans son rapport, le régulateur rappelle le bien triste état du déploiement d'IPv6 en France : il y a certes 80 % de « clients activés » chez Free et 68 % chez Orange, mais seulement 20 % chez Bouygues Telecom et… 6,7 % chez SFR.

Et c’est encore pire sur mobile : Bouygues est à 80 % sur les terminaux Android, mais Orange n’est qu’à 5 %, contre 0 % pour Free et SFR. Tous les quatre ont également un 0 pointé sur iPhone et sur les offres data seulement.

Dans sa lutte pour le « nouveau » protocole, l’Arcep rappelle avoir « introduit une obligation de support d’IPv6 pour les opérateurs qui se verront attribuer des fréquences 5G dans la bande 3,4-3,8GHz en France métropolitaine : « Le titulaire est tenu de rendre son réseau mobile compatible avec le protocole IPv6 à compter du 31 décembre 2020 » ».

Une task force a été mise en place et un compte-rendu de sa première réunion a été mis en ligne en décembre 2019.

4G : moyenne de 45 Mb/s, +100 % en zones rurales

Sur le mobile, « la qualité du service de données mobiles a fait un bond conséquent depuis 2018 : le débit moyen en France métropolitaine atteint 45 Mb/s en 2019 (+50 % en un an) ». Dans le détail, les zones rurales sont celles qui ont le plus progressé en 2019 pour arriver à 28 Mb/s (soit +100 %), même si elles restent largement en retard sur les autres : 46 Mb/s pour les zones intermédiaires (+44 %) et 62 Mb/s pour celles denses (+44 % également). Pour le régulateur il s’agit « des premiers effets du New Deal mobile ».

En outremer, la situation est plus contrastée : Mayotte dépasse à peine les 10 Mb/s de moyenne tandis que la Réunion est à 50 Mb/s (au-dessus de la métropole donc), alors qu’elle était à moins de 20 Mb/s en 2018. La hausse est donc de plus de 150 % sur l’île de l'archipel des Mascareignes.

L’Arcep en profite pour rappeler que l’année dernière, le Berec (l’organe des régulateurs européens) « a mené et finalisé les travaux de développement de son outil open source de mesure de qualité de service Internet. Cet outil est constitué d’une application mobile (sur Android et iOS), d’un testeur web et d’une version installable (sur Windows, Mac et Linux) ».

Le code source est disponible depuis décembre sur GitHub. Il « est mis à disposition des autorités de régulation nationales (ARN) des différentes États membres qui peuvent l’adopter, sur base volontaire ».

Les nouvelles lignes du règlement Internet ouvert

Le régulateur revient ensuite sur les nouvelles « lignes directrices du règlement Internet ouvert », publiées mi-juin 2020 après 18 mois de travaux. Pour les différentes autorités de régulation nationales, « la révision des lignes directrices a aussi permis […] d’échanger sur différentes pratiques pouvant affecter la neutralité des services d’accès à Internet ».

Dans l’ensemble, « elles conservent la structure des lignes directrices précédentes, elle-même calquée sur la structure du règlement Internet ouvert. Les clarifications apportées […]  reflètent les conclusions communes auxquelles sont parvenus les régulateurs européens ».

Il est notamment question des offres zero-rating où le volume de données de certains services n’est pas décompté du forfait. Elles ne sont « pas interdites per se par le règlement européen, mais elles peuvent engendrer un traitement discriminatoire au profit d’applications ou de catégories d’applications » et sont donc surveillées de près.

Les nouvelles lignes directrices précisent d’ailleurs les critères d’évaluation et « les conditions dans lesquelles les FAI peuvent créer différentes classes de qualité de service d’accès à Internet afin de mettre en place des offres spécifiques, notamment à destination des entreprises ».

D’autres points sont abordés, comme les « critères définissant un « service spécialisé » avec l’essor de l’Internet des objets et des services machine to machine ». Sur la 5G en particulier, le régulateur rappelle qu’un document a été mis en ligne pour démystifier les idées reçues sur la prochaine génération de réseau et la neutralité du Net.

FAI : attention aux noms de domaine et URL

Autre élément mis en avant par le régulateur dans son rapport : « la question de l’accès par les FAI aux noms de domaine (ou aux URL) à des fins de gestion de trafic ou à des fins de facturation ». Si le règlement Internet ouvert leur permet « d’accéder qu’aux informations contenues dans l’en-tête du paquet IP et dans l’en-tête du protocole de la couche transport (par exemple l’en-tête TCP ou l’en-tête UDP) dont les noms de domaine et URL sont exclus ».

Le gendarme indique au passage que le Comité européen de la protection des données (EDPB/CEPD) « précise que le nom de domaine et l’URL peuvent être qualifiés de données à caractères personnels ». Les FAI qui utiliseraient le nom de domaine ou les URL « à des fins de catégorisation de trafic ou de facturation s’exposeraient non seulement à une violation potentielle du règlement Internet ouvert, mais aussi à une possible violation de la protection des données à caractère personnel de leurs clients ».

 

Wehe va s’enrichir d’un test de priorisation de port

Dans cet état des lieux, il est aussi question du blocage des ports, une problématique déjà étudiée en 2018 et qui a continué en 2019. Un exemple : « Les premiers signalements étaient relatifs au blocage de flux HTTPS sur un port donné par un opérateur mobile, empêchant ainsi pour les utilisateurs l'accès à certains services. L’Arcep s’est fait l’écho des difficultés rencontrées par les utilisateurs auprès de l’opérateur concerné, qui a convenu de mettre en place un mécanisme préservant la liberté de choix des usagers ».

Afin de permettre à tout un chacun de vérifier ce qu’il en est sur sa connexion, l’application Wehe sera mise à jour, justement avec « un test de priorisation de port ». Pour rappel, elle a été développée par la Northeastern University (sur du code open source) et elle « compare les temps de parcours du trafic pour certains services ».

Le gendarme des télécoms en profite pour affirmer que, depuis son lancement, Wehe a été utilisée « près de 115 000 fois et, à ce jour, aucune différenciation n’a été détectée via l’application ».

Le Wi-Fi dans les avions a aussi été passé à la loupe, notamment chez Air France qui « a adapté ses offres afin de les rendre les plus neutres possible compte tenu de la singularité des contraintes techniques d’un service Internet en vol ». Les connexions dans les trains ont aussi été examiné, mais pour le moment l’Arcep « poursuit l’examen de ces offres et compte sur la mobilisation de la SNCF pour s’assurer du respect du principe de neutralité du NET dans les offres de Wi-Fi dans les trains ».

Huawei vs USA : la vision de l’Arcep

Le travail sur la neutralité des terminaux a continué l’année dernière, et ce bilan est l’occasion de revenir sur la bataille entre les États-Unis et Huawei.

Le gouvernement américain a décidé de placer le fabricant chinois sur liste noire, interdisant ainsi toute nouvelle relation commerciale (les existantes peuvent continuer pour le moment) : « En réponse, Huawei a choisi de développer ses propres services, ce qui pourrait à terme conduire à une plus forte concurrence sur les marchés des systèmes d’exploitation et produits associés, mais aussi à la création d’un troisième écosystème fermé avec des problématiques similaires à celles observées pour les deux autres ».

Le rapport est par contre en retard d’un métro sur un point : «  Fortnite développé par Epic n’est par exemple toujours pas disponible sur le Play Store ». Il est en fait arrivé en avril de cette année. Epic Game avait demandé une exception à Google (portant notamment sur la commission de 30 %), qui lui avait été refusée.

Lors de son volte-face, Epic précisait qu’il « espérait que Google réviserait ses politiques et ses transactions commerciales dans un proche avenir ». Rien ne semble avoir bougé sur ce point. La Commission européenne a de son côté ouvert une enquête formelle sur l’App Store d’Apple (en plus de celle sur Apple Pay et le NFC).

Le numérique : 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre

Le dernier chapitre concerne l’empreinte environnementale du numérique, un sujet d’actualité chez de nombreux acteurs et sur lequel le Sénat s’est récemment penché avec un long rapport et 25 propositions à la clé. Le gendarme des télécoms y avait aussi été de son analyse dans le cadre de son cycle de réflexion sur les « Réseaux du futur ».

« Selon les sources le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde soit une empreinte équivalente au transport aérien. Si cette part demeure modeste comparativement à d’autres secteurs, la croissance annuelle de la consommation de numérique (volume de données, terminaux, etc.) doit nous interroger », affirme le régulateur.

Ce dernier propose ainsi « d’établir une démarche s’appuyant en particulier sur la régulation par la donnée, qui viserait à fournir à l’utilisateur final les informations pertinentes sur les impacts énergétiques associés aux usages du numérique », qui pourrait déboucher sur un « baromètre vert » du numérique. 

L’Arcep  collecte pour le moment des données, notamment « les émissions de gaz à effet de serre produits par les principaux opérateurs de télécommunications et sur la consommation électrique des box et décodeurs audiovisuels utilisés par leurs clients ».

Le régulateur devrait également renforcer ses liens avec l’ADEME « via une étude conjointe sur le sujet et des travaux communs dans le cadre de la mise en œuvre de la loi Économie circulaire imposant aux fournisseurs d’accès à Internet d’informer leurs abonnés sur leur consommation et les émissions de gaz à effet de serre associé ».

Une bonne partie des acteurs du numérique se penche sur la consommation et le recyclage avec des actions diverses. Cela va de l’utilisation d’énergie renouvelables à une empreinte carbone nulle, en passant par l’économie circulaire.

Les enjeux vont au-delà du simple aspect économique : « recycler plutôt que jeter est un argument permettant de retenir certains talents », mais aussi d’en attirer de nouveaux chez les jeunes, particulièrement sensibilisés à cette problématique nous expliquait récemment Mateo Dugand, responsable développement durable EMEA chez HPE.