Re Re Cap
4.0K views | +2 today
Follow
Re Re Cap
Le parti de l’action citoyenne : éthique, réalisme, respect et sens des responsabilités.
Your new post is loading...
Your new post is loading...

Popular Tags

Current selected tag: 'Macron'. Clear
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

À tous les orphelins de la politique

À tous les orphelins de la politique | Re Re Cap | Scoop.it

 

Une tribune de Corinne Lepage sur les conséquences de l’explosion des représentations politiques traditionnelles impulsée par Emmanuel Macron.

 

Aujourd’hui, nombreux sont nos concitoyens qui, malgré la pléthore de candidats, se sentent orphelins d’un candidat à soutenir avec des chances réelles d’accéder à la présidence de la République. Emmanuel Macron a fait exploser les représentations traditionnelles des Français modérés, de droite et de gauche, qui pensaient pouvoir défendre une vision républicaine et démocratique, écologiste et pragmatique, européenne mais consciente des intérêts français. Il a délibérément clivé le pays et systématiquement favorisé des intérêts financiers pas forcément économiques et encore moins conformes ni même compatibles avec l’intérêt général. Il a également stigmatisé des boucs émissaires en promouvant une politique violente et fermé les yeux sur des conduites inacceptables de ses proches ; il a contourné les institutions de la Ve République dans un but d’accaparement personnel du pouvoir, faisant de l’Assemblée nationale une chambre d’enregistrement et du conseil des ministres, (dépossédé partiellement de sa compétence au bénéfice d’un conseil de défense sanitaire chargé d’organiser l’opacité et l’irresponsabilité de ses membres), un organisme émasculé. Cette destruction systématique des contre-pouvoirs, de la base même du contrat social, a évidemment eu pour effet de renforcer les extrêmes, de droite et de gauche, eux-mêmes punching-ball de la macronie, rendant inaudibles des discours plus modérés et recherchant les consensus.

Certaines personnalités ou formations de gauche modérée n’ont même rien trouvé de mieux pour se faire entendre que de verser dans le wokisme et la course à l’échalote avec les éléments les plus à gauche de la vie politique française.

 

D’où des orphelins en grand nombre, qui ne savent aujourd’hui pour qui voter à la présidentielle parce qu’aucun candidat n’offre un programme qui ne soit pas dans une forme de déni, qui ne cherche pas à cliver un peu plus et qui porte réellement un projet qui donne envie. Le déni varie selon les candidats : risque climatique, problèmes de sécurité, affaiblissement de la France et de l’Europe au niveau international, dégringolade du service public dont l’hôpital est malheureusement une illustration. La volonté de cliver ne se limite malheureusement pas aux extrêmes. En effet, des candidats considérés comme raisonnables n’hésitent plus, pour faire du buzz, à user de formules à l’emporte-pièce qui font la joie des médias … et consacrent à l’extrême droite et à des propos ignobles des temps d’antenne considérables. La droitisation de la France, loin d’être le cas de ses voisins, trouve pour partie sa source dans les dérives de la course à l’audimat menée par C News, devenue le Fox News français.

Et pourtant. Cette désespérance qui vient de la représentation politique pourrait se transformer si la recherche de débats plus sereins, capables de déboucher sur du consensus, comme l’ont fait nos voisins allemands, était un objectif. La transformation économique s’opère partout en Europe : aussi avons-nous une chance de pouvoir reconstituer des pôles industriels en France, après que nos brillants énarques aient bradé, dans de drôles de mécanos financiers, nos fleurons nationaux. Jamais autant de moyens financiers n’ont été mis à disposition de tous ceux qui veulent s’inscrire dans la transition et jouer le jeu de la taxonomie européenne. Cette transformation est indispensable pour répondre à l’enjeu majeur qui est celui du climat lié à la biodiversité et à la santé. Et c’est aussi un moyen formidable de rebondir ; à tous les niveaux, de la start-up à l’ETI, nos entreprises et leurs salariés sont convaincus de la capacité de changement et de l’envie d’y répondre.

Revenir à des institutions républicaines, c’est revenir à un système dans lesquels la probité est une vertu cardinale, les conflits d’intérêts sont prohibés, la corruption traquée, la justice a les moyens d’agir et la délinquance en col blanc peut-être poursuivie et condamnée. Revenir à des institutions républicaines, c’est défendre une laïcité sans adjectif, refuser que la loi républicaine soit bafouée au bénéfice d’une loi religieuse, que sur certains territoires, la loi des gangs comme celle des grands frères tiennent lieu de police. Revenir à des institutions républicaines, c’est assurer une égalité d’accès au service public de qualité sur tout le territoire, c’est payer convenablement ceux qui permettent tout simplement la vie du pays, enseignant, corps médical, policier, magistrats etc. C’est sortir d’une vision comptable imposée par Bercy pour remplacer les personnels administratifs par des personnels actifs.

Revenir à des institutions démocratiques, c’est lancer un grand train de décentralisation pour permettre que les décisions se prennent au plus près de nos concitoyens, c’est assurer la liberté de l’information et celle des journalistes en particulier d’investigation qui font l’objet de pressions inadmissibles, c’est développer les contre-pouvoirs et mettre en place des mécanismes de démocratie directe.

S’inscrire dans la modernité, c’est effectivement accepter que le monde ait changé autour de nous, ce qui ne signifie pas que les valeurs de la démocratie ne méritent pas d’être défendues pied à pied. Nous pouvons comprendre que d’autres peuples veuillent vivre différemment (même s’il n’est pas certain que les individus ne préfèrent pas le système démocratique). En revanche, peu de nos concitoyens préféreraient le système chinois ou vénézuélien au nôtre.

Beaucoup d’entre nous partagent ces opinions. Si elles ne peuvent pas être exprimées dans le cadre de la présidentielle, alors retrouvons nous pour préparer les élections législatives et essayer alors de peser dans le cadre des lois qu’il conviendra de voter et de l’équipe que le (la) nouveau (elle) président (e) constituera.

 

avec Corinne Lepage

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Le nucléaire conduit la France dans une impasse

Le nucléaire conduit la France dans une impasse | Re Re Cap | Scoop.it

Les dirigeants français, comme récemment Emmanuel Macron, vantent l’excellence de la filière nucléaire nationale et son caractère indispensable à notre pays. Sauf que cette rengaine n’a plus lieu d’être, pour l’autrice de cette tribune, qui explique en quoi le nucléaire, aujourd’hui, empêche la France de mener une politique énergétique ambitieuse.

 

Le président de la République a très récemment affirmé qu’il avait besoin du nucléaire. C’est possible mais la France, elle, doit faire en sorte de ne plus en avoir besoin, et ce pour une série de raisons, qui sont d’abord d’ordre financier et économique.

Tout d’abord, un paradoxe : plus la facture est élevée, plus le retard de Flamanville [EDF y construit un réacteur nucléaire de type EPR, dont la facture explose à mesure que s’accumulent les difficultés du chantier]- s’allonge, plus les recommandations de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) deviennent sévères et plus le lobby nucléaire s’active, non pas pour répondre aux critiques qui sont faites, mais pour vanter un projet devenu totalement virtuel et irréaliste : celui d’une France championne du monde du nucléaire, championne du monde de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, indépendante énergétiquement et dotée de l’énergie la moins chère du monde ; et, enfin, il n’y a aucun problème de sécurité et de sûreté. Tout est faux.

  • Nous avons été mais nous ne sommes plus depuis longtemps des champions du monde et, on peut le regretter, nous avons perdu notre savoir-faire, d’où la catastrophe financière et technologique de la filière nucléaire, vitrine d’une perte de compétences françaises ;

 

  • Nous ne sommes pas le champion du monde de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Conseil d’État a rappelé, dans un arrêt qualifié de « tsunami juridique », le fait que nous n’étions pas dans les clous pour la période 2015-2020 et que l’État avait trois mois pour justifier qu’il l’était pour la période postérieure. La vérité est que nous faisons du surplace et que notre folie hexagonale à maintenir un nucléaire à très haut niveau a pour conséquence inévitable de nous condamner à ne pas pouvoir respecter nos engagements climatiques. On reviendra sur ce point ci-dessous ;

 

  • le nucléaire ne signifie pas l’indépendance nationale. Du reste, l’Allemagne ne compte pas le nucléaire au rang des énergies « indépendantes ». Aller chercher l’uranium au Niger ou au Mali n’est pas sans conséquence ; seuls, le vent, le soleil et l’eau, y compris de mer, nous donnent l’indépendance énergétique ;

 

  • L’énergie la moins chère du monde parce que payée au départ par le contribuable devient la plus chère du monde. Non seulement les coûts initiaux du nucléaire n’intègrent pas la totalité du cycle, qui selon la Cour des Comptes donnerait un coût de l’ordre de six centimes du kilowatt-heure, mais aussi, les coûts du nouveau nucléaire, qu’il s’agisse du nucléaire ancien après l’opération de « grand carénage » ou du nucléaire EPR, sont près de 0,10 € du kilowatt-heure pour le premier et de l’ordre de 0,12 € pour le second. Dans le même temps, le coût du solaire a baissé de 75 % et continue à baisser, pour arriver, dans les pays très ensoleillés, à un ou deux centimes du kilowatt-heure et, dans nos contrées, à cinq centimes. Idem pour l’éolien terrestre, l’éolien marin restant beaucoup plus cher. La massification des renouvelables grâce à l’autoconsommation collective, à l’utilisation de tous les toits agricoles et des grandes surfaces, à l’utilisation de la biomasse présente le triple avantage d’assurer le développement des territoires, de leur garantir des revenus et d’abaisser considérablement les coûts. Mais, la décentralisation énergétique est incompatible avec 56 réacteurs nucléaires pour toute la France, qui assurent une totale centralisation ;

 

  • Enfin, la sécurité et la sûreté deviennent un réel problème, que le dérèglement climatique accroît. En effet, la pénurie d’eau contraint à réduire voire à arrêter le fonctionnement des centrales, comme celle de Chooz, entre autres, cet été. Le plus grave est sans doute la mise à l’arrêt d’un certain nombre d’installations pour des raisons de sûreté à la demande de l’ASN et pas seulement pour assurer les opérations d’entretien indispensables qui n’auraient pas pu être mis en œuvre pendant le confinement. Ainsi, la récente communication de l’ASN devrait faire réfléchir nos décideurs. Elle affirmait que la prolongation au-delà de 40 ans des centrales nucléaires n’allait pas d’elle-même et qu’un examen approfondi nécessitant des investissements considérables serait indispensable. Est-il vraiment raisonnable d’investir entre 50 milliards et 100 milliards d’euros pour mettre à niveau notre parc de 56 réacteurs plutôt que d’investir cette somme, ou une partie d’entre elle, pour accélérer la massification du développement du renouvelable et investir dans la sobriété énergétique ?

 

Des objectifs climatiques contrecarrés par le nucléaire 

En réalité, les choix actuels vont se révéler totalement contre-productifs, et ce dans tous les domaines :

  • La sécurité d’approvisionnement énergétique grâce au nucléaire est remise en cause du fait de la non-disponibilité de nos centrales (près de la moitié du parc a été arrêté cet été), non-disponibilité qui va s’accroître en raison de la chaleur croissante et des coûts immenses de mise à niveau. Comme dans le même temps l’État a tout fait pour bloquer le développement du renouvelable (par des mesures réglementaires, par des coûts astronomiques, par des problèmes de raccordement, etc.), rien n’est prêt pour monter en puissance et contrebalancer la baisse inéluctable du nucléaire. Ce n’est pas seulement dû aux engagements du président Macron de réduire la part du nucléaire pour l’année 2035, année dont nous savons d’ores et déjà qu’elle ne verra plus sa présidence. C’est contre-productif ;

 

  • Une énergie relativement bon marché pour doper l’économie française est désormais hors de portée. Certes, l’efficacité et la sobriété énergétique conduisent à avoir des prix relativement élevés de l’énergie mais, le coût de revient et le prix de vente sont des notions différentes et les efforts développés pour rendre les énergies renouvelables difficiles d’accès et les plus chères possibles nous pénalisent doublement. Les investissements massifs qu’EDF doit faire et dont il ne dispose pas oblige à des acrobaties juridico-financières compte tenu des règles européennes et fait reposer sur le contribuable, en définitive, le coût non seulement de la mise à niveau indispensable depuis Fukushima (soit dix ans de retard ) mais aussi du financement de nouveaux réacteurs vers lesquelles la folie nucléocratique semble vouloir nous orienter. Rappelons simplement que le coût de Flamanville serait désormais compris entre 16 et 19 milliards d’euros ! Soit la facture énergétique la plus chère du monde ;

 

  • Un retard industriel et territorial incontestable dans les énergies renouvelables. Nous n’avons pas de filière d’énergie renouvelable puissante comme l’ont nos voisins allemands ou espagnols ou encore nordiques. D’autre part, nous sommes très en retard, de telle sorte que les économies d’échelle sont difficiles à réaliser et que les territoires n’ont pas pu tirer jusqu’à présent tous les avantages qu’ils auraient pu tirer du développement économique énergétique. Ainsi, alors que nos voisins commencent à dépasser le stade de 50 % d’énergies renouvelables dans leur électricité (comme l’Allemagne, qui a réduit la part du charbon et du lignite à 25 % — une division par deux), nous n’avons même pas atteint les 20 %, soit trois points de moins que nos engagements communautaires pour 2020 et sommes pour le moment totalement hors course pour 2030. Ainsi, nous avons perdu sur les plans économique, industriel et financier ;

 

  • L’impossibilité d’atteindre nos objectifs de réduction des émissions des effets de serre est largement due au nucléaire. En effet, si le bilan de départ français était effectivement bon et meilleur que celui de nos voisins, notre addiction à l’énergie nucléaire et les coûts pharaoniques qu’elle génère ont non seulement interdit le développement du renouvelable, dont le bilan énergétique est bien meilleur, mais, surtout, elle a privé de financement la politique de sobriété et d’efficacité énergétique. De plus, la fragilité actuelle du système nucléaire impose, lors des pics de consommation, d’utiliser des sources très carbonées et d’importer alors même que le choix du chauffage électrique fait que la France est à l’origine de 50 % des pics de consommation européens lorsqu’il fait froid ;

 

  • Des difficultés communautaires inévitables, en particulier avec l’Allemagne. La France se bat pour que le nucléaire bénéficie des avantages financiers du renouvelable, ce qui est évidemment inconcevable et refusé par nos voisins. Mais, pour défendre le nucléaire, nous sommes dans l’obligation d’abandonner la défense d’autres d’intérêts qui seraient beaucoup plus fondamentaux pour l’avenir. De plus, la politique en ciseaux [1], qui nous écarte de plus en plus de l’Allemagne, est lourde de conséquences. Certes, on peut continuer à essayer de faire croire à nos concitoyens que les choix allemands sont stupides et que l’abandon du nucléaire outre-Rhin a favorisé le charbon. Les toutes prochaines années démontreront que, non seulement, l’Allemagne s’est dotée d’une industrie du renouvelable efficace, qu’elle dépasse largement ses objectifs en matière d’énergies renouvelables mais que le programme d’abandon du charbon est une réalité, le débat portant actuellement sur la rapidité de cet abandon. L’isolement de la France en Europe occidentale va peser sur la politique énergétique de l’Union européenne parce que tous nos voisins ont abandonné l’énergie nucléaire et que le Brexit ajoute des difficultés aux conséquences notamment financières d’Hinckley Point [où EDF construit deux EPR]).

 

En définitive, non seulement les prétendus avantages du nucléaire n’existent pas mais, surtout, les objectifs qui sont les nôtres dans le cadre de notre besoin de développement économique compatible avec l’épuisement des ressources et la priorité à la lutte contre le dérèglement climatique sont contrecarrés par le nucléaire.

Jusqu’où ira l’aveuglement des décideurs actuels qui ne tiennent que par les politiques de désinformation qu’ils utilisent !

 

 

Corinne Lepage est présidente de Cap21/Le Rassemblement citoyen ancienne ministre de l’Environnement et avocate.




Jacques Le Bris's insight:

[1L’Allemagne sortira du nucléaire en 2022 et dépasse d’ores et déjà les 50 % d’électricité d’origine renouvelable dans son mix électrique ; la France a choisi de rester plus longtemps dans le nucléaire (2035 au lieu de 2025) et, avec l’EPR, de continuer tout le XXIe siècle. Dans le même temps, le renouvelable ne progresse pas.

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Nomination d'Elisabeth Borne: l'écologie est réduite à de la communication en macronie

Nomination d'Elisabeth Borne: l'écologie est réduite à de la communication en macronie | Re Re Cap | Scoop.it

La nomination d’une technocrate, habituée à obéir aux instructions du pouvoir, ne laisse aucun doute sur le fait que la marge de manœuvre réelle de la ministre sera inexistante. Le vrai ministre de l’écologie sera le Président. Qui poursuit depuis deux ans une œuvre de déconstruction du droit de l’environnement.

 

Le départ de François de Rugy, mis dans l’impossibilité de poursuivre sa tâche avec un rapport de force suffisant, aurait pu être l’occasion de mettre, pour une fois, les actes en accord avec les paroles et trouver un successeur à François de Rugy qui symbolise la priorité affichée en faveur de l’écologie pour l’acte deux du quinquennat. Ce n’est manifestement pas le choix qui a été fait! Sans qu’il n’y ait rien à redire à titre personnel contre Élisabeth Borne, force est de constater qu’elle n’a dans sa vie de technocrate jamais manifesté une sensibilité réelle à la cause écologique (la stratégie de la SNCF dans laquelle semble-t-il le terme de développement durable ne figure même pas, en est le signe) et surtout ne dispose en aucune manière du poids politique suffisant pour pouvoir s’imposer face à ses collègues, à commencer bien entendu par ceux de Bercy et face à tous les lobbys qui bénéficient d’une oreille très attentive au sein de l’appareil d’État.

La nomination d’une technocrate, habituée à obéir aux instructions du pouvoir politique, ne laisse absolument aucun doute sur le fait que la marge de manœuvre réelle de la ministre sera inexistante et qu’en réalité le vrai ministre de l’écologie sera le Président de la République qui se veut en être le chantre au niveau international mais qui poursuit en réalité depuis deux ans une œuvre de déconstruction systématique du droit de l’environnement en France. Les bilans cumulés de Nicolas Hulot et François de Rugy sont extrêmement faibles alors qu’ils avaient, et en particulier pour le premier d’entre eux, un véritable poids politique et qu’ils étaient ministres d’État, un symbole fort dans l’architecture gouvernementale. Las d’avaler les couleuvres qu’il devait de surcroît présenter comme autant de progrès, Nicolas Hulot, par honnêteté, a jeté l’éponge. François de Rugy ne sera pas parvenu à obtenir de véritables arbitrages positifs. Désormais, rétrogradée au rang d’un ministère “normal”, l’écologie ne sera plus qu’une administration sans réel rapport de force en sa faveur.

 

Désormais, rétrogradée au rang d’un ministère “normal”, l’écologie ne sera plus qu’une administration sans réel rapport de force en sa faveur. Le Président de la République se veut être le chantre de l'écologie au niveau international mais poursuit depuis deux ans une œuvre de déconstruction systématique du droit de l’environnement en France.

 

Il ne s’agit donc en réalité que de l’illustration d’une réalité qui est celle de la macronie: réduite à une écologie de communication. S’appuyant sur quelques mesures présentées comme “révolutionnaires” alors qu’elles ne sont que très modestes par rapport à ce que font nos voisins européens, cette écologie de la communication dissimule en réalité une déconstruction systématique, parfaitement pensée du droit de l’environnement, et un écart croissant avec nos engagements communautaires. Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde (25 juin 2019), cosignée avec les plus grands professeurs de droit de la place, nous avions mis en exergue les régressions majeures auxquels il a été procédé depuis deux ans ou qui sont dans les tuyaux: sans prétendre à l’exhaustivité, la suppression programmée de la commission nationale du débat public, la suppression des enquêtes publiques qui existent depuis la révolution française, la réduction massive du champ d’application des études d’impact (qui a donné lieu à une mise en demeure de l’union européenne), la réduction drastique des installations soumises à autorisation au titre de la législation des installations classées, la réduction de la protection des sites naturels classés et inscrits, la portion congrue laissée aux énergies renouvelables (pour permettre de relancer un programme nucléaire devenu irréalisable sur le plan technique et totalement incongru sur le plan financier et de sa rentabilité).

 

L’État est redevenu, comme il l’était dans les années 70, le soutien très actif des grands lobbys autoroutiers, automobiles, chimiques, agricoles, de la chasse.

 

À ceci s’ajoutent la possibilité de ne pas appliquer le droit de l’environnement au bon vouloir des préfets, des autorisations données pour des projets carbonophages et serial killer de la biodiversité (Europa City, contournement de Strasbourg, autoroute en Camargue parmi bien d’autres), une politique lamentable en termes de santé environnement stigmatisée par le commissariat général au développement durable, le maintien des pesticides toxiques –le monde à l’envers– l’État qui veut poursuivre les maires qui interdisent les pesticides sur leur territoire, des engagements non tenus en ce qui concerne la rénovation des bâtiments, les subventions dues à l’agriculture biologique, l’autorisation de chasser des espèces protégées, sans oublier la catastrophe que représentent le CETA et le Mercosur, traités soutenus désormais par Emmanuel Macron, après avoir “vendu” ces accords contre le plat de lentilles que constitue l’engagement de M. Bolsonaro de suivre les accords de Paris, engagement qu’il n’a jamais tenu et qu’il n’a pas davantage l’intention de tenir… aucun domaine du droit de l’environnement n’a échappé à la destruction.

 
Il est bien peu probable que le nouveau titulaire du ministère de l’écologie puisse imposer, notamment à la citadelle de Bercy qui désormais tient tous les leviers du pouvoir, quoi que ce soit en faveur d’une transition réelle.

 

L’État est redevenu, comme il l’était dans les années 70, le soutien très actif des grands lobbys autoroutiers, automobiles, chimiques, agricoles, de la chasse etc. Avec 2 différences majeures: les années 70 ont été des années de grands progrès du droit de l’environnement et, quant à la fin des années 2010, elles ont subi les bouleversements climatiques, en termes de biodiversité et en termes de pollution chimique. Aujourd’hui s’impose une transformation rapide de nos modes de vie, de production et de consommation et surtout l’impérieuse nécessité d’arrêter de faire le contraire de ce qu’il faudrait. Pour y parvenir, il faut entraîner la société, mettre en place les mécanismes financiers adéquats, renforcer tous les mécanismes de protection au lieu de les supprimer.

Il est bien peu probable que le nouveau titulaire du ministère de l’écologie puisse imposer, notamment à la citadelle de Bercy qui désormais tient tous les leviers du pouvoir, quoi que ce soit en faveur d’une transition réelle. Au moins, les choses seront claires et la société civile a parfaitement compris qu’elle ne peut compter que sur elle-même pour engager les transformations nécessaires à notre survie. 

 

  •  
    Corinne Lepage Avocate, ancienne députée européenne, ancienne ministre de l'Environnement
No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Corinne Lepage: Pour réussir, Emmanuel Macron doit «changer sa méthode»

Corinne Lepage: Pour réussir, Emmanuel Macron doit «changer sa méthode» | Re Re Cap | Scoop.it

Corinne Lepage, presidente de Cap21, Rassemblement Citoyen, soutien d'Emmanuel Macron, 22 février 2017 à Paris

 

 

L’ancienne ministre chiraquienne Corinne Lepage, soutien d’Emmanuel Macron, publie ce jeudi « A bout de confiance» (éd. Autrement, 17 euros), où elle déplore la manière de faire du président.

 

  • Corinne Lepage publie ce jeudi « A bout de confiance» (éd. Autrement, 17 euros), où elle déplore la manière de faire du président de la République.
  • Ancienne ministre de l'Environnement sous Jacques Chirac, l'avocate a soutenu Emmanuel Macron durant la campagne pour la présidentielle.
  • Refusant un livre à charge, elle critique cependant « l’hyperprésidentialisation [du régime], la destruction systématique des contre-pouvoirs, la transformation d’un parti venu du terrain [En Marche] en une organisation proche du "centralisme démocratique" ».

 

Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement et soutien d’Emmanuel Macron publie ce jeudi A bout de confiance (éd. Autrement, 17 euros). La présidente de  Cap21/Rassemblement citoyen critique la « méthode » utilisée par le chef de l’Etat. L’ancienne eurodéputée Modem pointe trois dérives : « l’hyperprésidentialisation [du régime], la destruction systématique des contre-pouvoirs, la transformation d’un parti venu du terrain [En Marche] en une organisation proche du "centralisme démocratique" ». A la veille de la publication de son ouvrage, Corinne Lepage s’est confiée à 20 Minutes.

 

 

Pourquoi ce titre « A bout de confiance, de la morale en politique » ?

Je pense que la question de la confiance est centrale, et la confiance passe par la morale. Il y a un lien entre les deux. A force de redonner confiance puis la perdre à nouveau, on arrive au bout d’un système.

Vous parlez de « système ». Faites-vous référence à Emmanuel Macron ?

Je ne cible pas Emmanuel Macron mais je parle de ce que, pour moi, était le cœur de la campagne présidentielle, c’est-à-dire le fait de dire aux gens : "reprenez en main votre destin. La France peut changer grâce à vous". Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? On a un régime qui est hyperprésidentialisé, avec des contre-pouvoirs qui ont du mal à fonctionner, et une participation des Français [dans le parti présidentiel] qui est très modeste. Je distingue les décisions elles-mêmes qui sont globalement conformes à ce qui a été dit pendant la campagne, et la manière de faire qui est franchement très différente de ce qui a été dit. Je pose la question : avec sa méthode, les engagements d’Emmanuel Macron ont-ils été tenus ?

 

 

>> A lire aussi: Emmanuel Macron veut être un «président jupitérien», mais ça veut dire quoi?

Vous estimez que continuer avec la « méthode » Macron « pourrait être suicidaire », soulignant d’éventuels « risques démocratiques ». Pourquoi ?

Je veux le succès d’Emmanuel Macron et de son projet, mais je ne m’y retrouve pas. Je pense qu’il faut vraiment changer la manière de faire, la méthode d’Emmanuel Macron, pour parvenir au succès.

Pourquoi dites-vous que la réforme sur la moralisation de la vie publique est décevante ?

Quand on regarde le texte, on voit des progrès indéniables, mais cela ne suffit pas. La manière dont ont été gérées « les affaires » [Fillon, Ferrand…] n’a pas permis de montrer que l’on mettait les actes en accord avec les paroles. Le départ des ministres [Modem] du gouvernement en juin [à la suite de soupçons sur le travail d’assistants au Parlement européen] n’a pas du tout été présenté et reconnu comme un acte de volonté de moraliser la vie politique. Et aujourd’hui, il y a des personnes qui sont au gouvernement et qui sont dans la même situation que ceux qui l’ont quitté… Il y a deux points, deux mesures, et cela est incohérent.

Vous déplorez « la concentration des pouvoirs à l’Elysée » et une « remise en cause de la séparation des pouvoirs » par Emmanuel Macron. A propos de quel exemple ?

Il y a eu plusieurs exemples cet été, le dernier en date étant le choix, par le président de la République, du président d’En Marche. On voit bien que le président est à tous les niveaux, tant au niveau du parti qu’au niveau du fonctionnement de l’Assemblée nationale où Richard Ferrand est président du groupe [de députés] majoritaire. Par conséquent, on est loin d’une conception de Montesquieu de la séparation des pouvoirs…

>> A lire aussi: Glyphosate: Corinne Lepage: «Je plains Nicolas Hulot»

Pendant la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, ne pressentiez-vous son vœu d'« hyperprésidentialisation » ?

Pas vraiment. Mais ce livre n’est pas à charge. D’un côté, je trouve que sa manière de gérer la politique internationale est très bien. Ce qui me gêne, c’est la partie nationale.

« A quoi bon changer les visages si l’objectif est de faire de la vieille politique ? », écrivez-vous à propos de la communication. Rien n’a donc changé ?

J’ai le sentiment que la communication du président ne vise pas l’information, mais que c’est une communication régie, verrouillée par l’Elysée. On est dans un système très différent de l’information. Je ne suis pas la seule à le voir, un certain nombre de journalistes s’en plaignent d’ailleurs.

 

Propos recueillis par Anne-Laëtitia Béraud

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Corinne Lepage juge Macron : "De belles déclarations, pas de décisions concrètes"

Corinne Lepage juge Macron : "De belles déclarations, pas de décisions concrètes" | Re Re Cap | Scoop.it

100 JOURS DE MACRON. L'ex-ministre de l'Environnement juge les premiers pas du chef de l'Etat.

 

 nfunes Publié le 18 août 2017 à 08h24
 

 

Hommes et femmes politiques, économistes, chefs d'entreprises, syndicalistes… Chaque jour, pour "l'Obs", un expert ou une personnalité dresse le bilan des premiers pas d'Emmanuel Macron à la présidence de la République.

Aujourd'hui, l'avocate Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement de Jacques Chirac et actuelle présidente du mouvement Le Rassemblement Citoyen-Cap 21, se penche sur la politique – plus ou moins verte – du locataire de l'Elysée.

 

 

Votre impression sur les 100 premiers jours d'Emmanuel Macron en matière d'environnement?

En ce qui concerne la politique internationale, la défense de l'accord de Paris ou la condamnation publique d'Emmanuel Macron après le retrait de Donald Trump en juin, je trouve le bilan du président positif.

Je suis plus nuancée en ce qui concerne la politique intérieure. Beaucoup de déclarations de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, notamment dans son "plan climat" présenté le 6 juillet, vont dans le bon sens, mais avec un calendrier beaucoup trop lointain. Il est prévu de mettre fin à la vente des véhicules à essence et diesel seulement en 2040. Alors que notre voisin allemand programme de le faire dès 2030. Nicolas Hulot a également annoncé que 17 réacteurs nucléaires [sur un total de 58, NDLR] pourraient être fermés afin de ramener la part de l'atome dans la production d'électricité à 50% [contre 75% aujourd'hui, NDLR] à l'horizon 2025. Mais pourquoi attendre si longtemps ?

 

 

Y a-t-il quand même un bon point que vous décerneriez à la macronie ?

Visiblement, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est enterré. C'est un changement de cap. On ne peut que s'en féliciter…

 

Et les plus mauvais points, selon vous ?

D'abord, le soutien de la France à la définition minimaliste des perturbateurs endocriniens adoptée par la commission européenne, début juillet. Les lobbies de la chimie ont dû sabler le champagne quand ils ont appris la nouvelle. Du temps où Ségolène Royal occupait le ministère de l'Environnement, la France faisait au moins preuve d'une attitude de blocage dynamique dans ce dossier.

Et puis, j'y reviens, il y a le volet énergétique. On va encore donner 10 milliards d'euros à la filière nucléaire. On continue à financer une industrie qui se noie et que tout le monde arrête, les Etats-Unis, la Corée du Sud, les deux tiers de l'Europe. Il n'y a pas de changement de la politique énergétique de la France. Quelques belles déclarations, peut-être, mais pas de décisions concrètes.

 

Qu'attendez-vous d'Emmanuel Macron à la rentrée ?

Je comprends que le gouvernement ne puisse pas faire tout, tout de suite. Mais au moins qu'il ne fasse pas le contraire de ce qu'il faudrait faire, comme c'est le cas, je le redis, pour les perturbateurs endocriniens.

 

Votre note ?

C'est difficile de donner une note. Car on ne sait pas encore très bien comment sont prises les décisions. Est-ce que tout se passe à l'Elysée, comme le disent certains ? Ou est-ce que le gouvernement a davantage de marges de manœuvre, comme le laissent entendre d'autres ? Ce qui est clair, dans tous les cas, c'est que le gouvernement est tiraillé par des forces contradictoires. Dans le domaine de l'écologie, on ne peut que constater que Nicolas Hulot n'est pas sur la même longueur d'ondes que ses collègues du ministère de l'Agriculture et de Bercy.

 

Propos recueillis par Nathalie Funès

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Retour sur le #PenelopeGate L'invité de Myriam Encaoua

Corinne Lepage L'invité de Myriam Encaoua du 27/01/2017 

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

RMC – Pourquoi Corinne Lepage rejoint Emmanuel Macron 

RMC – Pourquoi Corinne Lepage rejoint Emmanuel Macron  | Re Re Cap | Scoop.it

Corinne Lepage le vendredi 13 janvier 2017 dans Bourdin direct sur RMC

http://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/pourquoi-corinne-lepage-rejoint-emmanuel-macron-902819.html

 

La présidente de Cap 21 est venue dans Bourdin Direct justifier son ralliement à Emmanuel Macron, alors que l’ancien ministre de l’Economie n’est pas réputé être un fervent écologiste. Bourdin Direct est une émission d’information dans laquelle interviennent en direct les acteurs de l’actualité.
No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Nucléaire. « Emmanuel Macron ne peut pas commander des réacteurs seul », dénonce Corinne Lepage

Nucléaire. « Emmanuel Macron ne peut pas commander des réacteurs seul », dénonce Corinne Lepage | Re Re Cap | Scoop.it

 

 
Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement, célèbre avocate spécialisée dans les causes écologiques, assure que le président de la République ne peut légalement passer commandes d’EPR sans passer par une modification de la loi de programmation de l’énergie. | AFP
 
 
Emmanuel Macron n’a pas le pouvoir légal de décider seul la commande de nouveaux réacteurs nucléaires, comme il a annoncé vouloir le faire, mardi 9 novembre, dénonce l’ancienne ministre de l’Environnement, ancienne députée européenne et célèbre avocate spécialisée dans l’écologie, Corinne Lepage. Le président de la République doit tout d’abord saisir le Parlement afin de se conformer à la Programmation pluriannuelle de l’énergie.
 
 
 
 
 
 
 
 

Alors que les débats de la Cop26 de Glasgow rappellent chaque jour l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique, et que le coût de l’énergie payé au quotidien par les Français flambe avec la hausse des prix du gaz, des carburants et de l’électricité, Emmanuel Macron a annoncé une décision majeure en matière de politique énergétique, mardi 9 novembre, lors de son allocution télévisée consacrée à la crise sanitaire et à sa vision de la relance économique du pays.

Il a en effet annoncé la commande prochaine de nouveaux réacteurs nucléaires : pour garantir l’indépendance énergétique de la France, pour garantir l’approvisionnement électrique de notre pays et atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050, nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables.

Dix ans de retard pour l’EPR de Flamanville

Après la vague de construction du parc des 56 réacteurs des 18 centrales nucléaires françaises actuellement en service, toutes entrées en fonctionnement entre la fin des années 1970 et la fin des années 2000, la seule mise en chantier de nouveau réacteur a été celle de l’EPR de Flamanville, en 2007, par EDF.

Désormais prévu d’entrer en service seulement mi 2023, avec dix ans de retard, la durée de construction de l’EPR a été multipliée par au moins 3,5 tandis que son coût l’a été par 3,3. La Cour des comptes a relevé qu’il atteindra 12,3 milliards d’euros, auxquels s’ajouteront des coûts complémentaires qui pourraient atteindre près de 6,7 milliards d’euros à la mise en service du réacteur.

Problème de timing

Emmanuel Macron entendait initialement annoncer la fermeture de la centrale de Fessenheim et la commande de nouveaux EPR seulement après l’entrée en service de l’EPR de Flamanville. Le retard du programme phare d’EDF l’aura finalement contraint à prendre les deux décisions sans que ce soit le cas.

Réaction de Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement (1995-1997) sous Jacques Chirac, ancienne députée européenne (centre droit) et avocate célèbre ayant défendu les victimes des marées noires de l’Amoco Cadiz, de l’Erika ainsi que celles de la tempête Xynthia.

 

France Nature Environnement critique l’annonce d’Emmanuel Macron en estimant que le président ne peut pas, légalement, décider seul d’une commande de réacteurs nucléaires. Qu’en pensez-vous ?

FNE a parfaitement raison. Emmanuel Macron ne peut pas légalement décider seul de passer ces commandes ni de faire varier la part de la production de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique français, tel qu’il est prévu dans la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie. Il doit au préalable saisir le Parlement et obtenir une révision de la PPE, afin que la répartition de l’offre électrique soit modifiée en conséquence. J’observe au passage qu’alors que tout le monde s’attendait à une commande de six réacteurs, Emmanuel Macron n’en a pas précisé le nombre.

 

N’est-ce pas le rôle du chef de l’État de prendre ce type de décision ?

La moindre des choses serait qu’une décision telle que la relance de la production de réacteurs nucléaires fasse l’objet d’un débat ! Le gestionnaire du réseau électrique français, RTE, a présenté le 25 octobre six scénarios permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Trois seulement d’entre eux comportent le recours à de nouveaux réacteurs nucléaires. Face à cet éventail de possibilités, nous avons une décision jupitérienne, qui tombe d’en haut. Le seul débat qui a existé a eu lieu entre Emmanuel Macron et le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy.

 

Face à l’urgence climatique, n’est-ce pas une bonne idée de donner la priorité à la puissance de production du nucléaire ?

Non, c’est au contraire une mauvaise idée. Tout d’abord parce qu’EDF ne sera pas en mesure d’apporter de capacité de production assez vite. Lorsque Georges Pompidou a lancé le programme électronucléaire, les centrales ont été construites en quelques années. Certes, les délais d’instruction ont été allongés depuis. Mais cela n’explique pas tout. Si la filière nucléaire est si bonne, pourquoi estime-t-elle ne rien pouvoir livrer avant 2035 ?

 

RTE estime pourtant, tout comme EDF, que l’électricité d’origine nucléaire est la plus rentable…

Je crois plutôt l’inverse. Le coût de l’électricité nucléaire ne cesse de renchérir. Cela va aller croissant avec la problématique des déchets, qu’Emmanuel Macron ne semble pas vouloir prendre en compte, alors que les piscines de stockage de La Hague sont saturées et que le centre de Bure est loin d’apporter une solution.

En revanche, on assiste à une baisse régulière du coût de production des énergies renouvelables. Celles-ci bénéficient également de grandes perspectives de progrès en matière de stockage. Or le stockage de l’énergie issue de sources intermittentes est l’un des grands arguments de la filière nucléaire. Avec de telles tendances, miser sur le nucléaire, c’est vraiment tirer des plans sur la comète de manière déraisonnable. Cela semble surtout destiné à donner des gages à une filière qu’il faut sortir de l’ornière.

 

Une filière dont vous êtes une adversaire…

Oui, mais mes motivations ont évolué. J’ai d’abord été une opposante en raison du danger présenté par le nucléaire. La question de la sûreté reste un sujet. Je suis allé le constater de mes yeux à Tchernobyl et à Fukushima. Aujourd’hui, mon opposition au nucléaire est également liée à la perte de savoir-faire de la filière. Quand le PDG d’EDF nous assure qu’en la matière, il enregistre des progrès «encourageants​, est-ce supposé être rassurant ? Il y a également cette prise de risque sur les coûts et les délais qui me semble insensée. Et enfin l’aspect financier, car autant l’État qu’EDF ont des dettes abyssales. Comment fait-on pour financer une nouvelle filière, alors qu’il faut, impérativement, développer celle des énergies renouvelables. RTE lui-même le dit.

 

N’y a-t-il pas une possibilité que la France convainque l’Europe que le nucléaire est une énergie verte, ce qui ouvrirait de nouvelles voies de financement à EDF ?

Je n’y crois pas du tout. Pour que le nucléaire puisse bénéficier de la « taxonomie » verte à laquelle vous faites allusion, il faut impérativement que la filière prouve que le nucléaire ne porte atteinte ni à la biodiversité, ni à l’eau, alors que c’est évidemment le cas puisque les centrales françaises recourent à l’eau des rivières ou de la mer pour leur refroidissement.

 

Le président n’a pas précisé qu’il commanderait des EPR. On évoque aussi les SMR, des petits réacteurs modulaires, d’un nouveau type.

On n’en a jamais fait. Comment pourraient-ils être livrés à temps ? Le sujet, c’est de fournir de l’énergie propre maintenant, alors qu’on doit faire face à l’arrêt d’activité des réacteurs les plus anciens.

 

Les énergies renouvelables seraient donc suffisantes pour répondre à la demande ?

Oui, leur montée en puissance en Allemagne montre qu’il est possible de les substituer en grande partie au nucléaire, contrairement à l’idée qu’on s’en fait en France. Mais il faut investir massivement dans les renouvelables et créer enfin cette filière en France. Elle apporte, en plus, cette décentralisation énergétique qui est un atout pour les territoires.

 

Ouest-France Propos recueillis par André THOMAS. 

Publié le 10/11/2021

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Procédures contre les responsables publics : ce qui sera juridiquement possible (ou pas)

Procédures contre les responsables publics : ce qui sera juridiquement possible (ou pas) | Re Re Cap | Scoop.it

Si le moment n’est certainement pas à la recherche des responsabilités juridiques mais à celui de la gestion de la crise, les procédures se multiplient.

 

Atlantico.fr :  "L'heure n'est pas à la polémique"  et pourtant plusieurs procédures pénales ont dores et déjà été lancées contre le gouvernement. En cause, sa mauvaise gestion de l'épidémie de coronavirus. Une accusation qui, si elle planait déjà, a été aggravée par les révélations d'Agnès Buzyn la semaine dernière.

Alors que l'épidémie de coronavirus perdure, un certain de nombre de plaintes - 5 d'après le quotidien Le Monde - ont déjà été envoyées à la Cour de la justice de la République. N'est-ce pas encore trop tôt pour demander des comptes et des réparations ? 

Régis de Castelnau : Sur le plan judiciaire, ces procédures lancées exclusivement contre les ministres en saisissant la Cour de justice de la République n’ont aucun intérêt. Sur le plan médiatique, et par conséquent politique elles sont au contraire importantes et nécessaires.

Je m’explique : la gestion de la crise par le gouvernement et par l’État depuis le début du mois de janvier a été, chacun le sait bien aujourd’hui, calamiteuse. Les aveux pleurnichards d’Agnès Buzyn n’en sont finalement qu’une confirmation. Comme j’ai déjà eu l’occasion de m’en expliquer dans vos colonnes, le comportement de nos dirigeants a été marqué par l’impréparation, la désinvolture, le cynisme, et beaucoup de leurs actes relèvent de l’application du code pénal. Homicides par négligences, mise en danger délibéré de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger, détournement de biens (disparition des stocks de masques et de chloroquine) nous avons affaire à un véritable florilège. Mais il faut bien comprendre que ce sont toutes les chaînes de commandement de l’État qui sont impliquées. Il n’y a pas que les ministres, Jérôme Salomon par exemple est un haut fonctionnaire. Or saisir directement la Cour de Justice ce n’est viser que les ministres puisque cette juridiction est justement prévue pour les juger eux. Le directeur général de la santé relève quant à lui des tribunaux ordinaires. Le processus normal serait de saisir directement les parquets qui alors demanderaient l’ouverture d’informations judiciaires et la désignation de juges d’instruction. Si dans le cours de celle-ci apparaissent des faits susceptibles d’être reproché aux ministres, cette partie du dossier serait alors transmise à la Cour de Justice. Il y a un autre problème celui de la recevabilité des plaintes déposées en général si j’ai bien compris par des organisations syndicales ou associatives qui à mon sens n’ont pas d’intérêt pour agir en se constituant partie civile. L’article 2 du code de procédure pénale est très clair : 

«L'action civile en réparation du dommage causé par un crime, un délit ou une contravention appartient à tous ceux qui ont personnellement souffert du dommage directement causé par l'infraction. »

Ce sont donc bien les victimes ou leurs proches qui devront déposer les plaintes le moment venu. C’est-à-dire quand la justice sera en capacité de le recevoir et de les traiter.

En revanche je peux comprendre les démarches actuelles dont les médias se font l’écho. Il me semble que les principaux objectifs sont d’abord d’appeler l’attention des Français sur la responsabilité de ces politiques et fonctionnaires claquemurés dans leur sentiment d’impunité. Ensuite de faire peser sur les épaules de cette caste, le poids de ses responsabilités qu’ils exercent normalement au nom de la nation et pas au service de leur petite carrière. 

Et l’argument selon lequel il conviendrait d’attendre la fin de la crise pour faire les comptes, pour favoriser l’union nationale est une imposture. C’est au contraire le moment de dire à ceux qui nous gouvernent que nous les regardons, que nous allons faire notre devoir, mais que nous leur demanderons des comptes sur la façon dont ils ont rempli le leur. Et que dans l’appréciation, le fait qu’ils se soient ressaisis pourra être porté à leur crédit.

Donc les procédures pénales actuelles n’ont pas d’utilité judiciaire, mais elles sont un signal politique fort. Nous n’oublierons rien.

En revanche les procédures administratives qui fleurissent ces temps-ci devant Conseil d’État ont-elles, utilité immédiate. En effet il est possible de demander à la haute juridiction de délivrer des injonctions au pouvoir gouvernemental afin qu’il prenne enfin les mesures qu’impose la situation. 

 

Corinne Lepage : En effet, il sera nécessaire de comprendre ce qu'il s'est passé et de poser la question des responsabilités, mais pour l'heure il semble plus important de gérer la crise que de demander des comptes. Une fois le gros de la crise derrière nous, viendra l'heure des critiques mais aujourd'hui il faut s'assurer que toute l'attention du gouvernement est portée sur la crise sanitaire. Ils doivent pouvoir prendre les meilleures mesures possibles pour la contenir sans être gênés dans leur démarche. Ensuite, une fois l'ouragan passé, ils auront bien évidemment de nombreux comptes à rendre et ils le savent. 

A titre personnel, je me suis déjà exprimée plusieurs fois sur la gestion de l'épidémie de coronavirus, laquelle est selon moi catastrophique. Qu'il s'agisse de l'absence de masques, de gel hydroalcoolique, de gants, du peu de réactivité face aux découvertes du Professeur Raoult qui, en mon sens, auraient dû être testées plus tôt - qu'elles soient très efficaces ou non - ou encore de l'attitude laxiste face au tourisme - les touristes chinois continuaient de voyager librement en France alors que la Chine était déjà confrontée à l'épidémie. Le gouvernement a sans aucun doute tardé à réagir. 

Mais encore une fois, l'heure n'est pas encore aux explications notamment parce qu'il nous manque de nombreux éléments, lesquels sont essentiels pour déposer une plainte et lancer une procédure pénale. Aujourd'hui on sait que le gouvernement a tardé à réagir mais on ne sait pas encore pourquoi, on ne connaît pas encore les motifs de ce retard. On sait qu'Agnès Buzyn suivait la crise de près et en avait compris l'ampleur possible dès le mois de décembre mais on ne sait pas pourquoi elle n'a pas, à ce moment même, commandé des masques ou du gel hydroalcoolique. On sait qu'au mois de janvier elle a prévenu Edouard Philippe mais on ne sait pas pourquoi ce dernier n'a pas réagi, ni commandé de tests. On ne sait pas non plus pourquoi, dès janvier, des millions d'euros n'ont pas été injectés dans le système hospitalier alors que Jérôme Salomon, Edouard Philippe et Emmanuel Macron avaient, tous trois, été informés de l'ampleur possible de la crise. Or tous ces éléments sont essentiels pour lancer des procédures juridiques. En droit pénal l'élément intentionnel est crucial. Or, on ignore aujourd'hui si ce manque de réactivité découlait de choix budgétaires conscients - a-t-on préféré sauver l'économie et sacrifier des vies? - ou d'une erreur d'évaluation et sans ces éléments il est encore impossible d'incriminer qui que ce soit. Cependant, toutes ces questions seront posées et sont essentielles. Ces cas précis pourront permettre de construire, pour les crises à venir, une gestion de crise digne de ce nom. 

Une fois le gros de l'épidémie derrière, il apparaît clair que le gouvernement devra rendre des comptes. Quels hauts responsables de l'Etat risquent d'être mis en cause et par le biais de quelles procédures ?

Régis de Castelnau : Comme je viens de vous le dire, il y aura deux sortes de mis en cause susceptibles d’être poursuivi devant les juridictions pénales.

En application du principe de la séparation des pouvoirs, le juge de droit commun ne peut pas juger les ministres ayant commis des fautes pénales dans l’exercice de leurs fonctions. Il s’agit bien évidemment de fautes commises dans l’exercice précis de leurs responsabilités. Si un ministre dans une crise de colère à son domicile tue son conjoint à coups de revolver, il sera bien évidemment justiciable de la cour d’assises. En revanche si un ministre de l’intérieur participe à la décision de maintenir le premier tour d’une lecture municipale et ordonne à ses collaborateurs de l’organiser (l’organisation du scrutin est une compétence municipale exerçait au nom de l’État) malgré l’évidence du risque mortel que l’on fait courir à la population ainsi appelée aux urnes, cette violation grossière de l’article 221–6 du code pénal relèvera bien de la Cour de Justice de la république. Mais, tous les fonctionnaires de la chaîne de commandement et tous ceux qui ont été impliqués dans les fautes commises pourront voir leur responsabilité pénale recherchée devant le juge judiciaire. Et à ce stade il convient de tordre le cou à une légende selon laquelle obéir aux ordres seraient exonératoires de responsabilité pénale. L’article 28 du statut de la fonction publique prévoit effectivement un devoir d’obéissance pour le fonctionnaire, mais aussi sa contrepartie, le devoir de désobéissance. Celui-ci doit être appliqué dans le cas où l'ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. La plupart des absurdités qui parsèment la gestion par ce gouvernement de la crise relevaient pour les fonctionnaires qui les ont accomplis du devoir de désobéissance. Ils devront donc en répondre.

Seront donc exposés au moment de la reddition pénale des comptes sur la gestion de la pandémie, les ministres et les hauts fonctionnaires.

Emmanuel Macron, le décideur final est protégé par son immunité présidentielle.

 

Corinne Lepage : Le seul qui ne risque rien, d'un point de vue juridique, c'est le Président de la République qui, sur le plan pénal, est irresponsable. Hormis Emmanuel Macron, tous les autres ministres et hauts fonctionnaires peuvent être inquiétés sur le plan juridique. Ils pourraient être poursuivis pour négligences graves ou imprudences en fonction de l'aspect intentionnel de l'infraction. Etant donné qu'il y a faute, toute procédure pénale est envisageable. 

Mais, à l'exception des poursuites pour fautes administratives - qui, selon moi, n'ont aucun intérêt puisqu'elles se retourneraient contre le contribuable - la poursuite qui me paraît avoir le plus de chance d'aboutir est celle pour omission de combattre un sinistre. En effet, l'article 223-7 du code pénal sanctionne le fait "de s’abstenir volontairement de prendre ou de provoquer les mesures permettant, sans risque pour soi ou pour les tiers, de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes" ce qui me paraît tout à fait de mise dans le contexte actuel. 

Mis à part cette procédure, on pourra bien sûr lancer des poursuites pour mise en danger d'autrui mais parce qu'elles exigent d'apporter quatre types de preuves cumulatives - existence d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement ; violation manifestement délibérée de cette obligation ; exposition directe d'autrui ; existence pour autrui d'un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente - la probabilité qu'elles aboutissent est plus faible.

Mais encore une fois, si ces procédures auront lieu et semblent à la fois nécessaires et inévitables, l'heure n'est pas encore aux réclamations et de nombreux éléments manquent encore. Il faudra attendre septembre et le lancement d'enquêtes parlementaires pour avoir un certain nombre de réponses et alors ces procédures pourront voir le jour. 

Risque-t-on, une fois la crise passée, de se retrouver face à un scandale qui pourrait être comparable à celui de l'affaire du sang contaminé ? 

Régis de Castelanau : La jurisprudence est pleine de décisions relatives à des gestions d’accident intervenu en matière de sécurité civile. Mais il est clair que la pandémie est une catastrophe sans précédent. Les deux seules affaires qui peuvent peu ou prou s’y rattacher sont celles de l’amiante, de la vache folle, de l’hormone de croissance et surtout du sang contaminé. Dans cette dernière, il était reproché au directeur du Centre National de Transfusion Sanguine d’avoir continué à distribuer du sang infecté par le virus du sida sans qu’il ait été chauffé au préalable, technique connue qui aurait permis d’inactiver le virus. Michel Garretta fut lourdement condamné par la juridiction correctionnelle. Mais en parallèle trois ministres dont Laurent Fabius furent jugés par la Cour de la justice de la République pour n’avoir pas mis en place suffisamment à temps une réglementation rendant obligatoire le chauffage du sang.

C’est donc dans ce cas de figure que nous nous retrouverons lorsque la justice pénale se sera emparée de la gestion de la tragédie. Les fonctionnaires et toutes les autres personnes impliquées dans les fautes pénales commises pourront être poursuivies devant le tribunal correctionnel. Les ministres et le premier d’entre eux Édouard Philippe, auront à répondre de leurs actes devant la Cour.

Quant au scandale, compte tenu de ce que l’on sait déjà, il sera sans commune mesure avec celui du sang contaminé. Et ce d’autant que si certaines infractions relèveront des atteintes involontaires à l’intégrité humaine, il y en a malheureusement d’autres qui semblent se rattacher plutôt à des comportements malhonnêtes. Il faudra que l’on sache où sont passés les stocks de masques, où sont passés les stocks de chloroquine, pourquoi l’État renoncé à faire respecter le confinement dans certaines cités. Là on parle de détournement de biens publics et de mise en danger délibéré de la vie d’autrui.

 

Corinne Lepage : L'affaire du sang contaminé a été fiasco. Laurent Fabius a été mis hors de cause, le ministre de la Santé de l'époque n'a pris qu'une petite sanction après des années de procédure et finalement, ce ne sont que quelques hauts fonctionnaires qui ont réellement été punis. L'affaire actuelle, celle de la mauvaise gestion de l'épidémie de coronavirus, comprend des points de comparaison avec l'affaire du sang contaminé mais elle reste sensiblement différente. Dans le deux cas, il y a eu un manque d'anticipation mais le scandale actuel est beaucoup plus grand. 

En outre, les points de comparaisons avec les Etats étrangers seront bien plus nombreux, et l'on remontra bien plus loin dans le temps notamment pour comprendre pourquoi le choix de ne pas renouveler les réserves de masques, de gants et de gel hydroalcoolique a été fait à plusieurs reprises. Au delà du scandale sanitaire en lui-même, c'est une affaire qui remettra également en cause les approches budgétaires à court terme qui apparaissent désormais découler d'une logique irrationnelle et catastrophique. Le bilan humain et le coût économique de cette affaire seront bien plus lourds, malheureusement, que dans le cas de l'affaire du sang contaminé. 

 

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Avec Macron et Hulot, « nous sommes entrés dans une ère de régression » de la politique d’environnement

Avec Macron et Hulot, « nous sommes entrés dans une ère de régression » de la politique d’environnement | Re Re Cap | Scoop.it

L’ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage, qui avait appelé à soutenir Emmanuel Macron en 2017, reconnaît dans cette tribune s’être trompée : le gouvernement nous a fait entrer en matière écologique « dans une ère de régression d’autant plus dangereuse qu’elle s’accompagne d’une communication permanente et habile directement contraire à la réalité des choix qui sont opérés ».

 

Lorsque j’avais décidé à la fin de l’année 2016 de soutenir la campagne d’Emmanuel Macron, je ne l’avais pas fait en raison de ses convictions écologistes mais parce que je pensais sincèrement que son intelligence lui avait permis de percevoir la gravité des défis auxquels nous sommes confrontés et la nécessité d’entreprendre dans ce domaine comme dans les autres des réformes de structure permettant de changer de logiciel. La nomination de Nicolas Hulot numéro trois du gouvernement était d’excellent augure.

Malheureusement, je me suis trompée car la politique menée aujourd’hui par M. Macron est différente de celle de ses prédécesseurs, mais au mauvais sens du terme. Nous sommes en effet entrés dans une ère de régression d’autant plus dangereuse qu’elle s’accompagne d’une communication permanente et habile directement contraire à la réalité des choix qui sont opérés.

Les discours sont brillants, qu’il s’agisse de ceux du président de la République, qui se veut le chantre mondial de la lutte contre le dérèglement climatique, ou de ceux du ministre d’État, qui défend d’autant mieux une vision écologique du monde qu’elle concerne le très long terme et permet donc de passer sous silence les décisions catastrophiques et contre-productives qui sont prises. À ceci s’ajoute le fait que le ministre d’État s’est vu imposer de présenter lui-même comme de bonnes décisions les arbitrages qu’il a perdus, donnant ainsi le sentiment que plus personne ne défend l’environnement.

Et pourtant, sur quelques dossiers, les régressions sont patentes. Commençons par l’énergie ; l’abandon du 50 % de nucléaire en 2025 qui se double d’une volonté qui s’affirme chaque jour davantage de construire de nouveaux réacteurs nucléaires et de faire durer jusqu’à 60 ans des réacteurs dont les défaillances ne cessent de croître. Pour maintenir ce haut niveau de nucléaire, les choix avancés dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l’énergie sont les plus mauvais pour les énergies renouvelables comme pour l’efficacité énergétique et ils s’accompagnent de tout ce qui peut être imaginé pour réduire l’autoconsommation, défavoriser la croissance du renouvelable et faire supporter par les contribuables la dette démesurée d’EDF.

Continuons par la lutte contre la pollution de l’air : avec des feuilles de route qui n’ont convaincu personne et surtout pas la Commission européenne, le refus de s’attaquer réellement au diesel et de prendre quelque mesure que ce soit qui pourrait être désapprouvée par le monde de l’automobile.

Poursuivons avec la délivrance de permis d’hydrocarbures, notamment en outre-mer, et de permis miniers passés d’autant plus inaperçus que la communication autour de la loi sur l’interdiction de nouveaux permis d’hydrocarbures a laissé supposer aux pauvres citoyens que nous sommes que ceux-ci étaient effectivement interdits.

 

Le plus grave tient aux atteintes multiples portées au droit de l’environnement

Et que dire de l’abandon en rase campagne de la plupart des engagements pris en faveur du bio, du refus de créer un fonds d’indemnisation des pesticides au motif que les études sont insuffisantes ou encore d’inscrire dans la loi l’engagement de sortir du glyphosate dans les trois ans ? Ceci s’ajoute à la position catastrophique prise par la France au niveau communautaire sur la définition des perturbateurs endocriniens directement opposée à la position courageuse de Ségolène Royal.

À quoi encore s’ajoutent la remise en cause de la loi Littoral dans la loi Élan alors que le grignotage des côtes du fait de l’érosion marine devrait conduire au contraire en étendre le contenu, l’abandon des mesures de protection de la loi Abeille concernant les ondes électromagnétiques, alors même que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient enfin de reconnaître la réalité des pathologies liées à l’électrosensibilité et une série de décisions individuelles qui sont autant de décisions défavorables à la protection des ressources, de la biodiversité et de la santé humaine : usine Total de la Mède, qui va utiliser massivement de l’huile de palme venue de Malaisie (contre, dit-on, la vente de Rafale), autorisation des rejets et de stockage à terre pour Alteo, etc. La liste n’est pas exhaustive.

Le plus grave tient sans doute aux atteintes multiples portées au droit de l’environnement, qui devient dans bien des cas une option et non une obligation. Au nom de l’expérimentation, il est désormais possible de s’affranchir des normes environnementales ; les études d’impact sont réduites à leur plus simple expression, la rubrique des installations classées soumises à autorisation se réduit comme une peau de chagrin au bénéfice d’installations soumises à une simple déclaration voire à rien.

Et la démocratie environnementale s’est perdue dans les sables mouvants d’une réforme constitutionnelle dans laquelle la troisième chambre, qui aurait dû être celle du long terme avec les droits de veto indispensables, va rester un accessoire peut-être même dangereux si la réforme prétend la substituer à toutes les autres expressions de la société civile.

 

 

Un quinquennat dure cinq ans. Il reste quatre ans pour changer de braquet, de direction et de sens.

 

Corinne Lepage est présidente de Cap21/Le Rassemblement citoyen.

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

L'écologie "n'est pas la tasse de thé" d'Emmanuel Macron, constate Corinne Lepage sur franceinfo

Regardez L'écologie "n'est pas la tasse de thé" d'Emmanuel Macron, constate Corinne Lepage par franceinfo sur Dailymotion

 

L'avocate et ex-ministre de l'Environnement, invitée de franceinfo jeudi, a estimé que le président de la République n'avait pas la "sensibilité" écologiste.

 

L'ancienne ministre de l'Environnement, Corinne Lepage, invitée de franceinfo jeudi 2 novembre, a déclaré que l'écologie "n'est pas la tasse de thé" d'Emmanuel Macron.

L'écologie, "ce n'est pas sa formation, sa sensibilité", a-t-elle ajouté. "Je ne suis pas sûre qu'il se rende compte de la gravité de la situation sur le plan climatique", a estimé la présidente de Cap21, une fondation en faveur du développement durable. Pendant la campagne présidentielle, Corinne Lepage dit toutefois "avoir réussi, avec d'autres, à infléchir le programme" du candidat Macron. 

 

 

Nicolas Hulot a besoin de "soutien"

Corinne Lepage a estimé que Nicolas Hulot "essaie de sauver les meubles" au gouvernement. "C'est pour cela qu'il faut le soutenir", a-t-elle déclaré à propos du ministre de la Transition écologique et solidaire, regrettant qu'on le fasse agir et parler sur des mesures à effet lointain. "Sur les mesures immédiates, le glyphosate, les perturbateurs endocriniens, les milliards dépensés dans le nucléaire, le pauvre malheureux, il ne peut pas grand-chose", a-t-elle lancé. 

 

Si elle était à la place de Nicolas Hulot, Corinne Lepage aurait "probablement" déjà quitté le gouvernement. "Mais je ne suis pas un bon exemple. C'est pour ça que ne n'y suis pas sans doute", a lancé la présidente de Cap 21. 

Emmanuel Macron "décide de presque tout"

Corinne Lepage, qui avait soutenu la candidature d'Emmanuel Macron à la présidentielle, a dit lui maintenir sa confiance et souhaité qu'il réussisse, tout en  regrettant le "peu d'autonomie" de l'équipe gouvernementale. Dans la manière de décider, il y a une espèce de brutalité", a estimé Corinne Lepage, qui publie un livre intitulé À bout de confiance. Selon l'ancienne ministre, Emmanuel Macron "ne décide pas brutalement, mais il décide de presque tout"

 

"Certaines personnes ont l'impression de ne pas être considérées", a poursuivi Corinne Lepage. "Il n'y a pas de personnalités très fortes, sauf peut-être Nicolas Hulot qui essaie de faire ce qu'il peut." Elle avait approuvé la création des comités En Marche partout en France au moment de la campagne présidentielle. "J'ai l'impression qu'on est passé à autre chose", a regretté la présidente de Cap 21.

Dans l'attente du pan "solidaire" de la politique fiscale

Interrogée sur l'étiquette de "président des riches" donnée à Emmanuel Macron par les opposants à sa politique, Corinne Lepage a estimé que "ce n'est pas très juste" et que pour le moment, "l'orientation fiscale est plus favorable aux super-riches plus qu'aux classes moyennes".

Toute la campagne s'est faite sur deux-pieds, l'efficacité et la solidarité. Là on voit bien le pied de l'efficacité, celui de la solidarité, j'attends de voir.

Corinne Lepage

à franceinfo

Corinne Lepage ne s'est pas prononcée contre la suppression de l'ISF, "qui n'est pas un impôt intelligent" à la condition, a-t-elle ajouté, "qu'il y ait une contrepartie considérable pour tous ceux qui se sont pas concernés par l’ISF et elle n’y est pas".

Par ailleurs, Corinne Lepage a regretté que la loi de moralisation de la vie publique se soit "arrêtée au milieu du gué". "C'est la 31e [loi] et je pense qu'il en faudra une 32e", a-t-elle déclaré. "On n'a pas touché aux questions de financement des partis politiques." L'avocate a estimé que "le monde" était "profondément corrompu au niveau international". "Je suis administratice à Transparency International depuis 20 ans. En France, nous sommes classés 26 ou 27e régulièrement, ce qui n'est pas une catastrophe par rapport à nos voisins, mais ce qui n'est pas terrible."

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Nice-matin / A Cannes, Corinne Lepage promeut l’environnement pour Macron

Nice-matin / A Cannes, Corinne Lepage promeut l’environnement pour Macron | Re Re Cap | Scoop.it

Une centaine de personnes est venue rencontrer Corinne Lepage et évoquer le volet « environnement et parité » du mouvement « En marche » qu’elle a rallié début janvier.

 

Ils s’étaient croisés à Lyon au meeting d’Emmanuel Macron et avaient sympathisé.

Une semaine plus tard, Corinne Lepage, avocate, ex-ministre de l’environnement et Philippe Buerch, délégué régional de La Droite avec Macron se sont retrouvés hier côte à côte sur la terrasse du Five Seas à Cannes. Avec eux, la centaine de convives du déjeuner-débat justement organisé par Philippe Buerch et Richard Perrin, délégué département En Marche 06. « Au sein de En Marche, nous pensons que les rassemblements comme celui-ci sont un signal politique fort. Si, venant d’horizons divers, nous sommes aux côtés d’Emmanuel Macron, c’est d’abord parce qu’il a entrepris de réhabiliter l’idée de progrès, vieux concept mais toujours une idée neuve. Antidote contre le déclinisme, la désespérance et l’absence d’espoir… » a justement rappelé Philippe Buerch au moment d’ouvrir le débat sur l’écologie et d’introduire Corinne Lepage.

Cette dernière a effectivement évoqué durant un moment le volet environnement du candidat Macron (lire notre interview en pages d’informations générales) qu’elle a décidé de soutenir en janvier. Mais elle a souhaité insister en préambule sur le risque de voir Marine Le Pen arriver au pouvoir.

« Ce n’est pas un risque gigantesque mais il existe. D’ailleurs, depuis une dizaine de jours – et c’est la première fois que cela arrive – certains partenaires étrangers de la France retirent leurs fonds. Car pour la première fois, ils craignent de voir la France tomber aux mains du FN… » a-t-elle commencé avant d’exhorter : « Nous avons, nous au sein du mouvement En Marche, la responsabilité d’éviter cela. Et ce, en faisant élire Emmanuel Macron… »

C. B.

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Leur «coup de foudre politique» pour Emmanuel Macron

Leur «coup de foudre politique» pour Emmanuel Macron | Re Re Cap | Scoop.it

Vendredi soir à Colomiers, une réunion des pilotes locaux du mouvement «En Marche !»

 

Créé il y a neuf mois, le mouvement En Marche ! rassemble 3500 adhérents en Haute-Garonne. Certains, pour la plupart novices en politique s'investissent en créant des comités locaux. Ils se sont réunis vendredi à Colomiers.

 

Pour se retrouver vendredi soir, les responsables des comités locaux du mouvement «En Marche !» avaient choisi une brasserie de Colomiers, «L'Airbus». Un nom qui évoque le décollage du candidat Macron dans les sondages et l'envol rapide de son mouvement, lancé en avril en s'appuyant sur internet et les réseaux sociaux. «En Marche !» rassemble 138 000 adhérents en France et plus de 3 500 en Haute-Garonne, a rappelé Mickaël Nogal, référent du mouvement dans le département. Vendredi soir ils étaient une petite cinquantaine, dont beaucoup de jeunes hommes.

Parmi eux, Léo Lesne, 18 ans, «bébé Macron» comme il dit, adhérent de la première heure. Alors en Terminale, Léo a participé le 28 mai dernier à la campagne de porte-à-porte lancée par Emmanuel Macron, qui n'avait pas encore démissionné du gouvernement. Aujourd'hui étudiant en Droit, Léo est responsable départemental des Jeunes avec Macron 31, qui sont environ 200 actuellement. Il anime le comité Toulouse Centre-Ville, un des plus importants en Haute-Garonne avec sa centaine d'adhérents. «C'est un mouvement qui donne beaucoup de confiance, peu importe l'âge» dit Léo. Construit sur la participation, la transversalité, la citoyenneté, le projet Macron a séduit des Français qui ne s'étaient jamais engagés en politique, comme Didier Malautiaux, qui évoque avoir ressenti un «coup de foudre politique» pour Emmanuel Macron.

«Jamais un parti!»

«C'est ce lifting cérébral, ce bol d'air qui m'a plu», dit ce Belge toulousain d'adoption, qui organise des réunions de bienvenue dans un salon de thé du quartier Borderouge le samedi et distribue des tracts sur les marchés. «Ces réunions autour de thèmes comme l'éducation, la santé, la solidarité, l'Europe, sont gratuites et intergénérationnelles. Il y a des gens de tous milieux qui viennent, attirés par cet esprit novateur. Macron a réussi à insuffler de l'espoir». Le mouvement, encore très citadin, essaie de s'implanter dans les territoires. «Depuis novembre nous organisons des réunions dans différentes communes. Les maires sont très accueillants, ils mettent des locaux à notre disposition. On traite de thèmes nationaux qu'on enrichit par des propositions, mais aussi de sujets locaux comme les problématiques de mobilité», témoigne Frédéric Morizot, conseiller municipal à Saiguède, un village du canton de Saint-Lys.

 

 

Épaulée par un autre routard de la politique locale, Pierre Cabaré, délégué régional du mouvement vert Cap 21 de Corinne Lepage, Monique Iborra (lire ci-contre) observe ce bel élan et se projette déjà dans les législatives qui suivront l'élection présidentielle.

 

«En Marche ! ne sera jamais un parti. Pour autant Emmanuel Macron souhaite proposer un candidat dans toutes les circonscriptions. Des critères seront définis. Il n'y aura aucun accord avec les partis politiques». La députée, en rupture avec son parti d'origine le PS confie recevoir déjà des candidatures de personnes prêtes à se lancer.

M. Iborra : «aller sur le terrain»

La députée de la 6e circonscription de Haute-Garonne est l'unique tête d'affiche politique du département engagée très officiellement derrière l'ancien ministre de l'économie, comme elle l'a rappelée vendredi soir. «J'ai soutenu ardemment Ségolène Royal, j'étais la seule, comme je suis la seule députée sur le plan local à soutenir Emmanuel Macron», dit Monique Iborra, députée exclue du PS depuis juillet pour avoir apporté son soutien au maire dissident de Montpellier, Philippe Saurel, lors des dernières élections régionales. «Le mouvement En Marche représente très largement la société civile. C'est la raison pour laquelle je l'ai rallié très vite, fin août, après la démission d'Emmanuel du gouvernement. Je le connaissais, je l'avais vu à l'œuvre sur la loi Macron, j'ai souhaité être avec lui dans le mouvement «En Marche !». En s'adressant aux militants, pour la plupart jeunes et novices en politique, Monique Iborra a prodigué quelques conseils de routarde de la politique. «Il faut recruter plus de femmes et il faut être très présents sur le terrain. Ce département n'est pas simple à gagner mais on fera tout pour y arriver».

 

Sylvie Roux

 

No comment yet.