Jean-Louis Dasseux, fondateur et directeur général de Cerenis Therapeutics .
Le Toulousain Cerenis Therapeutics a levé 53,4 millions d'euros sur Euronext. Un succès au regard des 35,2 millions d'euros recherchés et de la forte sur-souscription atteignant les 153 millions d'euros.
Réaction de Jean-Louis Dasseux, son fondateur et directeur général.
Jean-Louis Dasseux, quels sont les objectifs de cette levée de fonds record ?
Il s’agit de financer principalement deux études. L’une, dite de phase II, permet de tester l’efficacité du HDL mimétique dans le cadre d’un syndrome coronarien aigu (du « bon cholestérol » de synthèse pour prévenir les infarctus, NDLR) sur 300 patients pendant neuf semaines. Les résultats seront connus au premier trimestre 2017.La population cible de patients est estimée à près de 2,8 millions de personnes par an en Amérique du Nord et en Europe. L’autre étude, de phase III, concerne des patients qui souffrent d’une maladie orpheline se traduisant par l’absence de HDL d’où un très haut risque de développer des maladies cardio-vasculaires.
Une trentaine de patients seront traités pendant un an. L’objectif est de déposer un dossier d’autorisation de mise sur le marché en 2018. Près de 100.000 à 150.000 personnes sont concernées par cette maladie aux États-Unis et en Europe. Et comme nous avons levé plus qu’espéré, nous pensons aussi à développer un autre produit, dédié à la prévention de l’athérosclérose accélérée pour les transplantés cardiaques. Notre portefeuille de produits est très riche.
Pourquoi un tel succès selon vous ?
Tous nos investisseurs historiques, des fonds de capital-risque européens, américains ou japonais de référence dans le secteur pharmaceutique, ont de nouveau abondé. Une grande marque de confiance et un accompagnement sans faille depuis le début. Les plus gros fonds d’investissement du secteur biopharmaceutique de toute l’Europe ont aussi souscrit. Le marché mondial de la lutte contre les maladies cardio-vasculaires représente 30 milliards de dollars par an. De notre côté, grâce à notre thérapie de rupture, nous cherchons à capter un marché de plusieurs centaines de millions d’euros annuellement. C’est ce qui explique l’attractivité de notre levée de fonds. C’est une introduction record en bourse dans le secteur des biotechnologies depuis les années 2000 à Paris.
Au-delà de 2017, année de résultats des études, quelle sera la stratégie de Cerenis Therapeutics ?
L’augmentation de capital, porté ainsi à 226 millions d’euros dont 15% sont désormais dans le public et le même pourcentage aux salariés et managers, nous amène en effet jusqu’à 2017. Au-delà, fort de nos résultats d’études, nous pensons nouer un partenariat avec un laboratoire pharmaceutique pour entrer en phase clinique III sur le produit destiné au syndrome coronarien aigu. Mais dans le cas de la maladie rare, nous commercialiserons le médicament nous-mêmes.
Où sera-t-il fabriqué ?
Difficile de répondre avec certitude. Pour l’instant, nos études cliniques sont menées à partir de produits issus du groupe Novasep à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Mais il faut savoir qu’aujourd’hui, même si Cerenis Therapeutics ne compte que neuf salariés, nous faisons déjà travailler près de 200 à 300 personnes par partenariats, sous-traitance ou collaborations.
Propos recueillis par Isabelle Meijers
Fondé en 2005 à Toulouse, Cerenis Therapeutics développe une thérapie de rupture, du « bon cholestérol » de synthèse afin de lutter contre les maladies cardiovasculaires. La société a déjà bouclé trois tours de table successifs en 2005, 2006 et 2010, qui lui ont permis de réunir respectivement 25 millions, 42 millions puis 50 millions d’euros.