Bankster, le jackpot de l'économie criminelle (III) : Les comptes de Grimm | Bankster | Scoop.it

Troisième et dernière partie de note saga consacrée aux pratiques bancaires, si louche qu'elles touchents à la grande criminalité organisée. Avec aujourd'hui, un cas d'école à 3,7 trillions de dollars.

 

L’affaire n’a pas fait grand bruit. Pour autant, le procès en question risque d’entrer dans l’histoire comme le premier du genre mené contre la mafia new-look américaine. Vous avez dit banksters ?…

 

 United States of America v. Carollo, Goldberg & Grimm est en effet un cas d’école. Une illustration spectaculaire de l’existence et des modes opératoires des cartels bancaires déterminés dans le cas d’espèce, à se gaver au préjudice des mairies et collectivités territoriales du pays, des écoles et autres hôpitaux, bref du public au sens large.

 

L’ingéniosité criminelle de Dominick Carollo, Steven Goldberg et Peter Grimm, des Sopranos employés de GE Capital, filiale financière du poids lourd industriel General Electric, a trouvé à s’employer durant 10 ans, dans le secteur des emprunts obligataires municipaux. En parfaite entente c’est le cas de le dire, avec la quasi totalité des géants bancaires de Wall Street tels JP Morgan Chase, Bank of America, UBS, Lehman Brothers, Bear Stearns, et autre Wachovia.

 

 

Les cocus des emprunts municipaux

 

Un marché de 3,7 trillions de dollars ( !) de nature à inspirer les plus mauvais génies de la finance.

 

Comme chacun sait, pour faire face aux besoins de financement de leurs budgets, les municipalités comme les Etats, lancent des emprunts obligataires. Une fois levés, les fonds empruntés vont évidemment être dépensés au fur et à mesure de l’avancement des projets d’intérêt général auxquels ils sont destinés. Régler les factures de construction d’un stade peut prendre un bon moment. En attendant de devoir les décaisser, les mairies (« issuers ») placent donc ces fonds de la manière la plus rentable possible. Ça s’appelle une saine gestion de trésorerie.

 

Ces contrats de placement (« investment agreements ») varient considérablement tant dans leur durée que par la rémunération que versent les établissements financiers (« providers ») qui vont recevoir en dépôt temporaire, les fonds des collectivités locales. Le fisc US a aussi son mot à dire, puisque la rémunération versé par les « providers » aux « issuers » sera totalement ou partiellement imposable en fonction du code général des impôts local.

 

 

 

Mon oncle Charlie pille mes économies

 

 

 

Pour des raisons historiques, ces placements entre issuers et providers sont réalisés par l’intermédiaire de « brokers » auxquels les municipalités donnent des mandats pour organiser des appels d’offre. Et c’est précisément au plus offrant des « providers » en termes de rémunération, auquel, sur recommandation du broker qu’il a chargé de l’organisation de l’appel d’offre, « l’issuer » confiera temporairement le produit de ses emprunts obligataires.

 

 

 

Des enchères dont Grimm et ses potes ont tiré largement profit en les truquant sauvagement pendant 10 ans.  Au profit de leur employeur bien sûr et donc de leur intéressement personnel, mais aussi des membres du puissant cartel que les garçons ont constitué et dont ils ont assuré le fonctionnement à la satisfaction générale de ses membres et de celle des « brokers » corrompus ayant trahi la confiance de leurs mandants pendant toutes ces années. 

 

 

 

Les dindons de la farce sont les municipalités pillées et au delà, leurs habitants qui voyaient, ou plus exactement ignoraient que le coût de leurs équipements collectifs étaient salement majoré du fait des comptes de Grimm et ses compères.


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