Un moteur de recherche pour savoir si nous avons des ancêtres propriétaires d’esclaves | 10 mai | Scoop.it

 La statue "Mémoires" à Brest.

 

Une base de données mise au point par des universitaires a été lancée à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, ce lundi 10 mai. Elle permet de faire des recherches sur les anciens propriétaires d’esclaves et de connaître le montant des indemnités qu’ils ont touché au moment de l’abolition.

 

 

Depuis deux ans, des chercheurs et chercheuses travaillent sur le projet. Une base de données, qui répertorie tous les propriétaires d’esclaves ayant touché des indemnités, au moment de l’abolition de l’esclavage, est rendue publique à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage de leurs abolitions, révèle 20 Minutes.

La base se présente comme un moteur de recherche (esclavage-indemnites.fr/), où l’on peut trier par nom, ville, colonie (Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion mais aussi Sénégal, Sainte-Marie de Madagascar et Nocibé), et montant accordé.

Relancer le débat sur les réparations

Des noms de propriétaires d’esclaves apparaissent, qui contiennent des informations biographiques, et un historique des titres d’indemnité qu’ils ont reçus. On y accède via deux entrées : 1825 et 1849, correspondant aux deux dates où l’on a indemnisé les propriétaires d’esclaves.

Ce moteur permet aux particuliers, aux entreprises et institutions de faire des recherches sur leurs ancêtres ou sur les personnes qui détenaient des membres de leur famille en esclavage. Selon 20 Minutes, il pourrait bien relancer le débat sur les réparations, en apportant des éléments chiffrés, précis, à la société civile.

 

À l’image de l’Université de Glasgow en Écosse, qui a lancé un programme de bourses à destination des étudiants caribéens, après avoir découvert qu’elle avait reçu des dons de personnes ayant bénéficié de l’esclavage.

« Cela peut être un choc »

« Il y a des personnes pour lesquelles cela peut être un choc ou une surprise de voir son nom dans la base de données », relève auprès de 20 Minutes Myriam Cottias, directrice du Centre International de Recherches sur les esclavages et post-esclavages (Ciresc).

Jessica Balguy, la doctorante qui a mené les recherches pour constituer cette base de données, relativise : « Aux Antilles, beaucoup de gens sont déjà capables de dire quelle famille a reçu combien d’indemnités. Les gens savent beaucoup de choses. »

Et d’ajouter : « Mon travail est de partager les informations que je trouve dans les archives, mais ce que les gens en feront ensuite ne m’appartient pas. »

 

Ouest-France Publié le 10/05/2021